Beaucoup sont ceux qui ont désormais le réflexe de prendre des probiotiques pour équilibrer leur flore intestinale. Efficaces dans la plupart des cas, un nombre non négligeable de personnes subissent des effets secondaires des probiotiques. Ces désagréments sont déroutants car le produit provoque des effets inverses à ceux qui étaient attendus. Dans cet article, nous présentons les différentes raisons expliquant pourquoi on ne supporte pas les probiotiques.
Probiotiques : Effets secondaires les plus courants
Même si les effets secondaires apparaissent chez une faible proportion de la population, ils ne sont pas marginaux.
Le plus fréquemment, les effets indésirables se manifestent sur la sphère digestive :
- Désordres digestifs
- Ballonnements, gaz
- transit perturbé (accéléré ou ralenti, selles molles)
- douleurs abdominales.
Ces manifestations peuvent faire penser que l’on ne supporte pas les probiotiques. Elles s’expliquent par le fait que les bactéries ingérées entrent en interaction avec celles du microbiote, créant un déséquilibre plus ou moins transitoire.
Mais ils peuvent également entraîner un effet secondaire plus problématique chez les personnes ayant un SIBO1, un syndrome traduit par « pullulation microbienne de l’intestin grêle » : des difficultés à se concentrer. Ceci s’explique par le fait que les bactéries probiotiques transforment le sucre en acide lactique, dont l’excès impacte le cerveau, entraînant des problèmes cognitifs. Or, les personnes ayant un SIBO ont déjà de l’acide lactique en excès.
La phase des 5 jours
Dans la pratique, il arrive que la prise de probiotiques engendre des effets secondaires lors des 5 premiers jours de prise, surtout quand la personne n’a pas l’habitude d’en consommer. Dans ce cas, les effets secondaires doivent être très supportables, car de faible intensité. Et surtout, passé ces 5 jours, tout doit rentrer dans la normale. Ceci peut s’expliquer par le fait que les bactéries apportées par les probiotiques interagissent avec la flore intestinale créant un déséquilibre transitoire. Dans ce cas, il faut quelques jours pour que le microbiote retrouve un équilibre optimal.
Mais si les effets secondaires sont plus intenses ou s’ils durent plus de 5 jours, c’est que l’on ne supporte vraiment pas les probiotiques. Dans ce cas, il faut absolument arrêter la supplémentation et demander l’avis d’un médecin (pour éventuellement reprendre à un autre moment si la cause de ces effets indésirables a été identifiée).
Les ingrédients susceptibles de causer des effets secondaires
Il existe de nombreuses raisons qui expliquent que l’on ne supporte pas les probiotiques. Elles sont essentiellement liées à leur formulation ou l’état de la flore intestinale qui les accueille.
Prébiotiques ajoutés
Il est courant que les fabricants de probiotiques ajoutent des fibres à leur produit, car elles servent de nourriture aux bactéries intestinales. Elles sont couramment appelées « prébiotiques ». On trouve toutes sortes de fibres potentielles dans les produits appelés prébiotiques : inuline, fructo-oligosaccharides, arabinogalactanes, fibres d’acacia, bêta-glucanes (champignons notamment)…
Ces fibres sont plus ou moins solubles – et donc plus ou moins digestes. Le prébiotique le plus commun, l’inuline de chicorée, est particulièrement peu digeste. Sa présence peut tout à fait expliquer pourquoi on ne supporte pas un probiotique qui contient cette fibre en plus des bactéries présentes dans la formulation. Ainsi, toutes les fibres ajoutées, à des degrés divers, peuvent expliquer le fait de ressentir des effets secondaires d’un probiotique contenant un ou plusieurs prébiotiques.
Additifs et excipients
Les additifs que l’on trouve dans de nombreux produits sont susceptibles de provoquer des effets secondaires, notamment chez les personnes sensibles. Il est scientifiquement admis ou suspecté que certains excipients très communs peuvent favoriser des troubles digestifs.
C’est le cas de :
- E433 (polysorbate) : De nombreuses études sur la souris mettent en évidence son effet néfaste sur le microbiote intestinal. Sur les rongeurs, il provoque une inflammation intestinale et détruit le mucus protecteur de l’intestin.
- E466 (croscarmellose sodique ou gomme de cellulose) : Une étude de l’INSERM de 2021 2 sur des humains a révélé au bout de 15 jours que l’E466 engendrait une diminution nette des bonnes bactéries et que « ces participants étaient plus sujets à des douleurs abdominales et à des ballonnements intestinaux ».
- E471 (mono et diglycérides d’acides gras) : Plusieurs études sur les souris révèlent qu’ils impactent la perméabilité et la flore intestinale, provoquant des déséquilibres inflammatoires et auto-immuns.
- E14XX (amidon modifié) : Cet additif est reconnu comme étant fermenté par la flore intestinale. Comme les prébiotiques, en étant fermenté, il peut causer des effets secondaires au niveau digestif.
D’autre part, les celluloses modifiées (E460), dont la cellulose microcristalline (E460a) peuvent avoir un effet laxatif lorsqu’elles sont consommées en grande quantité. Or, même si le probiotique n’en contient pas suffisamment pour provoquer des effets secondaires, leur quantité s’ajoute à celle des autres aliments consommés dans la journée.
Traces de lait
Les bactéries que l’on trouve dans les produits appelés probiotiques peuvent être issues de 3 sources :
- À partir de lait ou de produits laitiers
- Bactéries humaines prélevées dans un intestin sain
- Beaucoup plus rarement, issues de légumes fermentés
Dans le cas où les bactéries sont issues de lait, elles peuvent en contenir des traces. Ainsi, il est possible de faire des allergies ou des intolérances. Le phénomène d’intolérance est rare, car les probiotiques issus de lait ne contiennent, à priori, ni lactose ni caséine.
Comment mieux supporter les probiotiques en choisissant les bonnes formules
Vous ne supportez pas le dernier probiotique que vous avez acheté ? Vous avez des effets secondaires ? Procédez par élimination ! Le 1er réflexe est de regarder l’étiquette :
- Si le produit a des fibres (inuline, fructo-oligosaccharides, arabinogalactanes, fibres d’acacia), alors elles peuvent être en partie responsables.
- Si votre probiotique a des additifs suspectés de favoriser des désordres digestifs, ils peuvent être mis en cause.
- Si les bactéries sont issues de lait, alors cela peut être une explication chez une minorité de personnes très sensibles aux produits laitiers.
Essayer un probiotique sans fibres, ni additifs controversés, sans être issus de produits laitiers : c’est le test à faire si vous ne supportez pas les probiotiques qui contiennent un de ces 3 éléments.
La 1ère cause d’effets secondaires des probiotiques, c’est la dysbiose avancée
Les études scientifiques commencent à peine à comprendre pourquoi on ne supporte pas les probiotiques. Au stade actuel des connaissances, la théorie de la dysbiose avancée est de loin la plus probable. La dysbiose se caractérise par un déséquilibre de la flore intestinale. Les mauvaises bactéries prolifèrent au détriment de la flore physiologique. De nombreuses études montrent que les probiotiques aident en cas de dysbiose, en aidant à équilibrer le microbiote.
Mais lorsque la dysbiose est avancée, cela engendre une perturbation globale et profonde de la flore intestinale. Le syndrome le plus connu est le SIBO, qui se traduit par « pullulation microbienne de l’intestin grêle ». Souvent, cet état dégénère en rendant la paroi intestinale plus perméable : on appelle cela l’hyperperméabilité intestinale. Les sucres présents dans l’intestin se transforment en acide lactique qui a des effets délétères sur la digestion, les nerfs et les muscles.
Or, lorsque des bactéries, même si elles sont réputées comme bénéfiques, arrivent dans un intestin dont la flore est trop déséquilibrée, elles peuvent aggraver la dysbiose. C’est pourquoi il est important que l’intestin ne soit pas en état avancé de dysbiose 1, notamment avec perméabilité de la paroi 3 pour pouvoir accueillir favorablement des probiotiques.
Ainsi, si vous ne supportez pas les probiotiques, c’est sûrement parce que le déséquilibre de la flore intestinale est trop important. Dans ce cas, il faut avant tout, privilégier des plantes qui renforcent l’immunité intestinale (ail, huile d’origan, pépins de pamplemousse, cannelle de Ceylan…). La prise de probiotiques devra intervenir une fois que l’immunité intestinale aura repris le dessus.
Sources
1 - Brain fogginess, gas and bloating: a link between SIBO, probiotics and metabolic acidosis Satish S. C. Rao, MD, PhD, FRCP Clin Transl Gastroenterol.
2 - https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0016508521037288
3 - https://www.pnas.org/doi/full/10.1073/pnas.1810819115