Nez bouché, gorge qui gratte, éternuements… Les pollens du printemps et de l’été engendrent de multiples désagréments sur les voies respiratoires. Les allergies au pollen peuvent être largement diminuées avec les traitements médicaux conventionnels. La naturopathie dispose de différents outils naturels lors de réactions au pollen excessives.
Signes des réactions au pollen
Les signes de réaction excessive aux pollens se manifestent principalement sur les voies respiratoires : éternuements à répétition, écoulement ou congestion nasale. Aussi, les yeux sont souvent touchés avec des démangeaisons ou des larmoiements. Enfin, la gorge et le palais peuvent également être sujets aux chatouillements.
Lorsque cette réaction excessive se manifeste sous forme d’allergie au pollen, les symptômes peuvent être plus ou moins graves et nécessitent une consultation médicale. Le plus souvent, cela peut aller de la rhinite à l’asthme, en passant par la conjonctivite.
Causes des réactions au pollen selon la naturopathie
La naturopathie considère que le terrain d’une personne conditionne les réactions de l’organisme face à son environnement. C’est aussi valable en ce qui concerne les réactions aux pollens.
Différentes fonctions peuvent être concernées lors d’une réaction excessive aux pollens :
- Système immunitaire trop réactif
- Flore intestinale déséquilibrée
- Foie ayant un fonctionnement perturbé
- Excès de radicaux libres (terrain oxydé)
Aussi, certains facteurs favorisent une fragilité :
- Stress
- Alimentation
Le Système immunitaire, partie émergée de l’iceberg
Les pollens des arbres, des graminées et de certaines plantes herbacées surviennent chaque année. Ce phénomène naturel ne devrait pas poser de problème. Lorsque l’on a des réactions excessives aux pollens, c’est que le système immunitaire réagit de façon démesurée. Il considère les pollens comme des agents agresseurs, engendrant une augmentation des IgE, des anticorps particuliers. Il s'ensuit une cascade de réactions engendrant les différents signes de la réaction aux pollens.
Muqueuse et flore intestinale
Le microbiote intestinal joue un rôle primordial dans l’immunité. Son bon équilibre est nécessaire pour la production d’un certain nombre de molécules indispensables au fonctionnement normal des défenses de l’organisme. Les études scientifiques ont fait le lien entre une flore intestinale perturbée et la réaction aux pollens 1. La naturopathie est particulièrement attentive à l’équilibre du microbiote pour aider l’organisme à être moins sensible à ces molécules.
D’autre part, l’hyperperméabilité intestinale jouerait aussi un rôle dans la réaction immunitaire face aux pollens 2. Une muqueuse perméable laisse pénétrer dans le sang des fractions protéiques alimentaires ou bactériennes qui feraient réagir le système immunitaire.
Le foie, histamine et détox
Le foie est un organe très impliqué dans les réactions excessives aux pollens.
Premièrement, il détoxifie l’histamine en excès qui circule dans le sang 2. La fixation d’un anticorps IgE à un pollen produit une quantité d’histamine responsable des signes de réaction au pollen. Une bonne élimination de l’histamine par le foie limite les inconforts provoqués par la réaction excessive du système immunitaire.
Deuxièmement, un foie en bonne santé limite les risques de réactions excessives3. Des paramètres hépatiques perturbés prédisposent à une sensibilité particulière. De ce fait, il est important de prendre soin de la santé de son foie. Beaucoup remarquent que l’alcool est un facteur aggravant par exemple. Plus généralement, tout ce qui conduit aux engorgements hépatiques est susceptible de favoriser un terrain sensible aux pollens. C’est pourquoi la naturopathie considère systématiquement le foie dans la prise en charge des réactions aux pollens.
Enfin, le foie est un organe important pour l’élimination des radicaux libres. Il détoxifie l’organisme des polluants et sécrète des antioxydants majeurs comme le glutathion. Or, le degré d’oxydation de l’organisme est un facteur important comme nous allons le voir.
Le terrain oxydé, une cause méconnue
L’excès de radicaux libres dans l’organisme prédispose aux dérèglements immunitaires et donc aux réactions excessives aux pollens. Il a été démontré que les radicaux libres favorisent la réaction des anticorps IgE avec les allergènes, entraînant une cascade de réactions liées notamment à l’histamine 4. D’autre part, ces radicaux libres déclenchent aussi une peroxydation lipidique qui aggrave l’hyper-réaction immunitaire 5.
Ainsi, consommer des antioxydants permettrait de limiter les effets des radicaux libres sur les cascades immunitaires entraînant des réactions excessives aux pollens. La consommation de fruits et de légumes est essentielle pour lutter contre les radicaux libres au quotidien. C’est ce que préconise la naturopathie pour les réactions aux pollens, mais c’est également les recommandations des autorités sanitaires.
Le stress est l’ennemi du système immunitaire
Le stress est un facteur chronique prédispose à une hypersensibilité aux pollens 6,7. Que ce soit le stress psychique ou émotionnel. D’abord, cela s’explique, car le stress engendre une fatigue physique et nerveuse qui impacte le fonctionnement immunitaire. Beaucoup de personnes constatent que lors de fatigue, le système immunitaire n’est plus aussi performant.
Mais cela s’explique aussi via le cortisol, une hormone surrénalienne sécrétée lors de stress chronique. Cette hormone empêche les emballements du système immunitaire. Lorsqu’elle est insuffisamment secrétée lors de stress, son contrôle sur l’immunité n’est pas aussi efficace qu’elle le devrait. Cela s’observe chez les terrains atopiques stressés ou en situation de burn-out 8.
Plantes et nutriments pour les réactions au pollen
Aider au fonctionnement immunitaire
De nombreuses vitamines et minéraux permettent de soutenir le système immunitaire. Parmi les plus essentiels lors de réactions excessives au pollen :
- Vitamine D : 1000 à 2000 UI par jour
- Zinc bisglycinate : 10 mg par jour
- Vitamine C pure : 500 mg à 1 gramme par jour
A l’entrée dans le printemps, c’est la période où la vitamine D est la plus basse si l‘on n’en a pas apporté par l’alimentation. Il est particulièrement important de prendre de la vitamine D quelques semaines avant l’arrivée des pollens si l’on n’en a pas consommé durant l’hiver.
De la même manière, beaucoup de plantes ont une action sur l’immunité. Parmi celles qui sont le plus équilibrantes sur le système immunitaire :
- Reishi bio (Ganoderma lucidum) : prendre plus de 300 mg du principe actif (beta-glucanes) par jour
- Astragale titrée en polysacharrides : 1500 mg par jour
- Curcumine bio: 90 mg de curcumine optimisée par jour
- Huile de Nigelle: 1,5 à 3 grammes par jour
- Spiruline bio: 3 grammes par jour
Soutenir la flore intestinale
Afin de favoriser l’équilibre du microbiote, les probiotiques sont souvent incontournables en naturopathie. Il peut être judicieux de les prendre sur une période de 1 à 2 mois avant l’arrivée des pollens. Bien évidemment, les prébiotiques qui apportent les fibres nécessaires au développement de la flore physiologique, sont également indiqués.
Il peut également être approprié de prendre de la glutamine par périodes, car c’est le constituant majoritaire des jonctions serrées de la paroi intestinale. Ces jonctions permettent de conserver l’intégrité de la muqueuse.
Favoriser le fonctionnement et la détox hépatique
La nature offre de nombreuses plantes qui favorisent la détox hépatique et le fonctionnement optimal du foie. Parmi elle, il en existe une qui est particulièrement plébiscitée lors de réactions aux pollens : le chardon marie bio. Car elle ne favorise pas seulement la détox et la protection hépatique, mais elle est également une arme contre les radicaux libres. Elle favorise la synthèse de glutathion, un antioxydant corporel puissant.
Pour les hyper-réactifs au pollen qui sont en excès de poids, l’extrait d’artichaut est une option à considérer pour le bon fonctionnement hépatique. Son action sur les lipides sanguins est aussi appréciable quand on sait que l’oxydation des lipides favorise les cascades de réactions au pollen.
Lutter contre les radicaux libres
Afin de lutter contre les radicaux libres, molécules favorisant l’oxydation et la cascade de réaction due à la réaction aux pollens, il est souhaitable de prendre des antioxydants. La capacité antioxydante d’un aliment se calcule par sa valeur ORAC : plus elle est élevée, plus son impact sur les radicaux libres est important.
Parmi les nutriments déjà abordés dans cet article, ceux-ci ont également un impact antioxydant : chardon marie, curcumine, vitamine C et zinc.
Le thé vert bio est également un puissant antioxydant, il est recommandé de prendre l’équivalent de 100 mg d’EGCG (son principe actif) par jour en cas de réactions au pollen. Il a aussi l’avantage de renforcer le système immunitaire et de moduler les lipides sanguins.
D’autres nutriments que l’on trouve dans des aliments à valeur ORAC élevée sont intéressants:
- Quercétine phospholipide: 500 mg, 2 fois par jour
- Bromélaïne pure : 2 grammes par jour
- Oméga-3 végétal : 1 gramme par jour
- Huile de Krill pure : 1 gramme par jour
- Coenzyme Q10 (Ubiquinol Kaneka) : 100 à 200 mg par jour
Il est recommandé de consommer des antioxydants dans l’alimentation et d’ajouter 2 à 3 nutriments si besoin en complément alimentaire.
Mieux gérer le stress
Si vous êtes sujets au stress, alors considérez que la prise en charge de celui-ci est indispensable lors de sensibilité au pollen selon la naturopathie. De très nombreux nutriments agissent de manière bénéfique sur le stress, vous en avez le détail dans les anti stress naturels.
Le magnésium parait particulièrement utile lors d’exposition au pollen sur un contexte de stress. Les plantes dites adaptogènes sont aussi des alliées, notamment le cordyceps dont les beta-glucanes sont réputés pour le système immunitaire.
Allergies : l’alimentation peut-elle aider ?
Il n’existe pas de recommandations officielles en matière d’alimentation pour prévenir les allergies saisonnières. Les études sont aussi relativement peu nombreuses sur ce sujet.
Néanmoins, la naturopathie propose des pistes lors de réactions au pollen. Elles sont notamment en lien avec les stratégies abordées plus haut dans l’article.
Diminuer les aliments pro-inflammatoires
Certains aliments favorisent la production de molécules inflammatoires par l’organisme :
- Les aliments à l’index glycémique élevé, favorisant une élévation de la glycémie engendrant la production de cytokines pro-inflammatoires.
- L’excès des Oméga-6 au détriment des Oméga-3. Certains acides gras oméga 6 sont précurseurs de l’acide arachidonique, une molécule pro-inflammatoire.
- Les viandes, mis à part les volailles, contiennent aussi de grandes quantité d’acide arachidonique
- Les aliments frits ou très cuits qui contiennent des molécules non souhaitables qui apparaissent sous l’action de la chaleur
Il est donc préférable de limiter les aliments industriels ultra-transformés qui sont souvent chauffés abusivement, à haute valeur glycémique et qui présentent un taux élevé d'Oméga-6 (à cause de l’huile de tournesol ou d’arachide par exemple).
Diminuer les aliments riches en histamine
On retrouve de l’histamine dans de nombreux aliments. Étant donné que les réactions aux pollens sont déjà susceptibles d’augmenter le taux d’histamine dans l’organisme, il vaut mieux limiter les aliments en contenant.
Les aliments les plus riches en histamine sont ceux qui ont subi une transformation par salaison, fermentation ou fumage :
- Aliments fermentés (choucroute, fromages très affinés, pain au levain… ) mais aussi les produits à base d’alcool.
- Charcuteries
- Poissons fumés
Les agrumes sont aussi à déconseiller car ils bloquent une enzyme appelée DAO, qui favorise la libération d’histamine par le système immunitaire.
Favoriser les aliments bénéfiques
La naturopathie conseille souvent plusieurs aliments pour aider à limiter la réaction aux pollens. Les principales familles sont les antioxydants, les probiotiques et les fibres.
1) Les antioxydants
Ils sont à consommer largement. On les trouve essentiellement dans les fruits et les légumes, sources de vitamines et minéraux antioxydants. Il faut absolument introduire à minima les 5 fruits et légumes recommandés par le ministère de la santé. Mais on retrouve également des antioxydants dans tous les végétaux, y compris dans les céréales et les légumineuses. Enfin, certaines huiles végétales riches en vitamine E sont également antioxydantes.
Avec tous ces aliments, vous ferez le plein d’antioxydants :
- Vitamines : B2, C et E
- Minéraux : Zinc, sélénium organique
- Molécules végétales : polyphénols, flavonoïdes, anthocyanes…
Mais ce n’est pas tout. Beaucoup d’antioxydants sont nécessaires au bon fonctionnement immunitaire. Et d’autres interviennent dans les processus de détoxification de l’organisme.
2) Probiotiques
Pensez à consommer des aliments qui contiennent des probiotiques. Pour savoir comment faire, consultez notre article sur les probiotiques naturels dans l’alimentation.
3) Fibres
Encore une fois, mettez des fruits et des légumes dans votre alimentation pour aider à limiter les réactions au pollen ! Les fibres sont le substrat principal sur lequel la flore intestinale physiologique peut se développer harmonieusement. Elles ont donc des vertus prébiotiques, favorisant un microbiote équilibré.
Mais ce n’est pas tout. Les fibres permettent la production de butyrate par le microbiote. Or cette molécule protège la muqueuse intestinale et régule le système immunitaire en favorisant la promotion de la synthèse des IgA (muqueuses) plutôt que des IgE. Le manque de production de butyrate pourrait être une des explications de la sensibilité aux pollens 10.
4) Nutriments insuffisants en cas d’allergie
Enfin, les études scientifiques ont remarqué que les personnes sensibles aux pollens avaient un manque de certains nutriments. Cela ne veut pas dire qu’ils sont la cause des réactions et qu’il suffirait de combler ces manques pour endiguer le processus. Mais pour l’équilibre général de l’organisme et mettre toutes les chances de son côté, ces manques sont à considérer :
- Vitamines : B5, B6, C et D
- Minéraux : potassium, magnésium, zinc, fer
- Omega-3
- Acide gamma-linolénique, un Oméga-6 spécifique
A noter que l’on retrouve ici un certain nombre de nutriments utilisés par la naturopathie pour les réactions au pollen.
Conclusion
L’accompagnement des réactions au pollen en naturopathie passe par plusieurs stratégies. Bien sûr, le fonctionnement normal du système immunitaire est à considérer. Mais la flore intestinale, la santé hépatique, la lutte contre les radicaux libres et la gestion du stress sont autant de fonctions à considérer pour un accompagnement efficace. La prise de compléments alimentaires s’avère être une idée judicieuse pour aider l’organisme à se réguler, en sachant que l’alimentation est un pilier indispensable lorsque l’on est sensible aux pollens saisonniers.
Sources
1 - pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32340468/
2 - pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33846604/
3 - ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1365963/pdf/jphysiol01427-0170.pdf
4 - www.elsevier.es/ S0301054614000998
5 - www.mdpi.com/2076-3921/10/8/1266
6 - pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/11247158/
7 - pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25951791/
8 -sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1081120613004924
9 - pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20633637/
10 - Macia, Laurence et al., 2019, Dysfunctional microbiota with reduced capacity to produce butyrate Journal of Clinical Immunology, Volume 144, Issue 6, 1513 – 1515